UNE EXPO SANS AUCUN INTERET
UNE EXPOSITION SANS AUCUN INTERET
Espace 404 - Hangzhou - Chine
Résidence artistique du 11 au 24 aout 2026
Il y a aujourd’hui une démultiplication des expositions pour promouvoir des marques ou des œuvres décoratives. Bon nombre d’entre elles se font au pas de course. Il n’y a rien à comprendre, on demande juste au visiteur de valider tel un like sur les réseaux sociaux. C’est ce qui semble intéresser les gens, juger, évaluer sans expertise.
J’ai voulu me concentrer sur un projet qui pose des questions pour aboutir à une exposition qui questionne.
Deux points importants de la recherche en Chine sont l’intelligence artificielle et les questions environnementales incluant la durabilité des produits de consommation.
La grande majorité des projets de recherche vont dans le sens de la marche. Comment gagner la course à l’intelligence artificielle, comment produire dans une économie circulaire. Peu de projet vont à contre-courant. Ce qui m’intéresse n’est pas l’intelligence artificielle ou l’environnement. Ce sont des notions qui sont déjà en partie intrinsèques a notre comportement. Ce qui m’intéresse c’est comment nous nous adaptons à ce nouveau système. Comment nos rôles, nos habitudes évoluent à la suite d’une nouvelle technologie ou de nouvelles prises de consciences.
Si nous partons du principe qu’au XXe siècle, la découverte de la photographie a bouleversé notre rapport à l’image tout en motivant quelques peintres à repenser leur activité. Cela a amené à une avant-garde de la peinture, à l‘impressionnisme ou encore l’abstraction.
Que deviendra l’activité créative cérébrale dans une société conquise par l’IA ?
Le but n’est pas d’être réfractaire aux nouvelles technologies ou aux IA mais de réimaginer une cohabitation, est-il possible de développer des nouvelles méthodes créatives en utilisant les IA sans en être à leurs mercis ? Se servir des IA comme d’un tremplin pour propulser plus loin notre créativité.
Aujourd’hui, nous sommes vite satisfaits des réponses des IA. N’ayant pas moyen de parfaitement les dompter, nous sommes tentés d’accepter une certaine médiocrité.
J’ai imaginé un processus qui utilise l’IA générative et les nouvelles technologies tout en considérant le travail manuel. Je propose de mettre en place une chaine de production d’œuvres représentant Hangzhou.
1-
J’ai récupéré du papier de mes carnets de croquis et des déchets du département de design de l’université.
2-
Je découpe le papier a l’aide d’un broyeur a papier de bureau récupéré.
Je mixe les confettis de papier avec de l’eau chaude dans un robot mixeur de cuisine récupéré. Cela dissout les fibres, les colles et les encres.
3-
J’ai d’abord construit des moules en bois puis je me suis arrêté sur un moule a tofu de 20cm car le mécanisme était identique et me permettait de mouler des briques carrées de 20cm de côté.
Compresser la patte a papier dans le moule permet de ne pas ajouter d’autres produit pour obtenir un produit compact et solide une fois séché. En deux jours dans un courant d’air, le bloc de papier est sec est solide. Le tissu dans lequel je dépose la pâte a papier permet d’obtenir un grain sur la surface de la brique.
4-
En parallèle, j’ai expérimenté plusieurs recettes pour extraire une encre du the vert LongJing produit à Hangzhou. Un mélange de thé macéré et de différents vinaigres permet d’avoir un liquide assez foncé pour écrire.
Le liquide est ensuite place dans un crayon feutre vide.
J’ai essayé plusieurs types d’instruments d’écriture, dans un projet plus long, nous pourrions améliorer l’encre et concevoir un crayon a l’aide de feutrine recyclée par exemple.
5-
Pour la création de l’œuvre représentant Hangzhou, j’ai pensé suivre un procédé lié aux IA.
La ville d’Hangzhou produit déjà un ensemble de visuels marketés, commerciaux sous forme de magnets représentant les principaux sites touristiques de la ville. Des lieux iconiques a ne pas louper par les touristes. On consulte souvent le top 10 des lieux a visiter avant de se rendre dans une destination touristique. Cela influence fortement les itinéraires des personnes qui visitent Hangzhou. Nos itinéraires sont aujourd’hui comme programmes par les réseaux sociaux et le commerce.
6-
j’ai pris 10 magnets en photo dans les magasins de Hangzhou.
Grace a des logiciels, j’ai extrait de ces photos des tracés vectoriels représentant Hangzhou. Puis j’ai converti ces documents en codes pour guider un plotter Arduino que j’ai monté. Ce plotter, bras robotise, accueil le crayon d’encre à base de the.
Le système de plotter et de crayon feutre offre un trace épais irrégulier qui donne un aspect de trace a la main.
7-
Le résultat est une série de 10 blocs en papier recyclé avec 10 vues différentes tracées par le plotter et a l’encre de the.
Les visuels ont en eux même pas grand intérêt. L’œuvre réside davantage dans la démarche et les questions qu’elle soulève plutôt que ce qui est présenté.
8-
A cote des blocs de papier, j’ai inscrit des phrases qui me sont venues lors de la préparation du projet.
Ce ne sont pas des questions mais des phrases qui questionnent.
